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La campagne 2023 a consisté en 3 semaines dans la grotte avec une équipe de bénévoles, suivies d’une semaine de « postfouille » au cours de laquelle une partie de l’équipe scientifique a pu se réunir pour examiner le matériel collecté au cours des 3 dernières campagnes.
Près de 2’000 vestiges ont été enregistrés en 3 dimensions dans la base de données, ce qui constitue un record pour notre fouille. De nombreux autres vestiges, essentiellement de mésofaune (taille lièvre), ont été ajoutés après le tri des refus de tamis (tamisage des sédiments extraits de la cavité).
Rennes, chevaux, bisons et lièvres demeurent les espèces les plus fréquemment identifiées, ce qui n’est pas surprenant, puisqu’une bonne partie de la fouille reprend des niveaux déjà fouillés précédemment. Cette extension sur des ensembles déjà connus est nécessaire pour pouvoir accéder à des niveaux plus profonds (pour des raisons de sécurité) mais elle permet aussi d’avoir une lecture bien plus précise sur des niveaux fouillés au tout début de l’opération (2001-2003) à une époque où, inévitablement, on ne comprenait pas le site aussi bien qu’aujourd’hui. Dans les niveaux traversés, il faut remarquer la présence d’un cheval d’il y a 15’000 ans (datations à venir) sans doute assez complet, bien qu’un peu désassemblé par les processus d’enfouissement.
Dans le fond de la salle, un ensemble faunique très riche en vestiges, dégagé au cours de cette campagne 2023, ne semble pas pouvoir être rattaché à quelque chose de déjà connu. S’agirait-il d’une accumulation importante qui viendrait compléter nos données au-delà de 25 000 ans ? Nous sommes impatients de faire dater les vestiges !
Également à la base des dépôts connus, nous avons pu confirmer la présence du lion des cavernes et du rhinocéros laineux. Ces deux espèces ne sont pour l’instant connues que par des toutes petites parties de leur squelette (dents, os du poignet) mais cette identification présage que des individus plus complets pourront être identifiés lors de la poursuite de la fouille.
Plus cocasse, une vertèbre de poisson a aussi été identifiée. A 1km et 200m au-dessus de la rivière la plus proche, cela a de quoi surprendre ! Mais les trois vestiges de poissons de l’aven ont été trouvés à proximité d’os de grand-duc et de grand corbeau et elles présentent des traces de digestion de leurs bords. Elles correspondent donc au dernier repas de l’un de ces oiseaux.
L’année 2024 sera une année de pause qui permettra de compléter la connaissance sur les modalités de remplissage de l’aven, sur les différentes espèces identifiées et l’évolution de la composition faunique.
2024 sera aussi un moment particulièrement attendu avec la parution d’une monographie consacrée à ce site exceptionnel. Nous en reparlerons bientôt !