Introduction de cette aventure

Tout d’abord, qu’est-ce qu’une « igue »? C’est le terme local pour désigner un aven c’est-à-dire un gouffre, ou cavité dont l’accès est vertical.

Localisation de l’igue du Gral, dans la partie orientale de l’Aquitaine. La ligne de rivage retenue est celle de la dernière période glaciaire

Ce piège, dans lequel des centaines de vertébrés sont tombés, est localisé dans une région très riche en sites d’habitats et en grottes ornées contemporains, telle que la célèbre grotte de Pech Merle et ses chevaux peints.

Les précédentes campagnes de fouilles de l’Igue du Gral ont eu lieu de 2001 à 2011. Les années suivantes ont été consacrées à l’exploitation des données.

Cette accumulation naturelle de faune est datée de la fin du Pléistocène. Les dates au carbone 14 obtenues sur les restes osseux se répartissent entre 36’000 et 12’000 ans avant le présent.

Paysages du Quercy à proximité immédiate de l’igue du Gral. La grotte de Pech Merle est à la fois un sanctuaire orné d’une multitude de peintures et gravures datées d’une période comprise entre 29 000 et 22 000 ans… et une accumulation naturelle de faune indépendante des activités humaines plus ou moins contemporaines.

Avant nos fouilles, on considérait que les humains préhistoriques vivaient dans un environnement très largement dominé par le renne qui représentait l’essentiel des vestiges osseux identifiés dans les sites d’habitats. Les recherches à l’Igue du Gral ont montré que cette vision était biaisée et que d’autres espèces comme le cheval et le bison auraient pu leur servir de gibier. L’origine de ces choix reste à identifier ; une des hypothèses que nous retenons est que ces chasseurs préhistoriques se déplaçaient en petits groupes très mobiles pour lesquels un petit ongulé comme le renne fournissait suffisamment de viande et était plus pratique à chasser.

Outre cet aspect archéologique, les fouilles de l’Igue du Gral ont permis de mieux connaître l’évolution des paléoenvironnements de la fin du Paléolithique, la dynamique des populations d’ongulés et préciser de nombreux aspects de l’évolution des populations de carnivores, comme le loup, qui y est abondant, ou le glouton jusqu’alors rarement observé dans la région. Une autre surprise est l’abondance des lièvres (européen et variable), des chocards… et finalement la rareté des bouquetins et des chamois qui faisaient pourtant partie des menus des hommes préhistoriques installés à proximité au même moment. Quant à l’aurochs, au mammouth et au mégacéros, représentés sur les parois des grottes, ils sont absents ou très rares à l’Igue du Gral.

Le Quercy au sens géologique du terme est composé de plateaux calcaires d’époque jurassique (en bleu). Dans cette région, trois catégories de sites contemporains sont représentées : les avens pièges, les habitats du Paléolithique supérieur et les grottes ornées. L’igue du Gral est située au confluent du Lot et du Célé.
Les cavités du confluent entre le Lot et le Célé : grottes et avens (igues). Les ronds noirs sont les avens qui ont livré des accumulations naturelles de faunes de la fin du Pléistocène (avens pièges et repaires de carnivores).

La suite de cette aventure est à retrouver ici !

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