Emil Frey-Gessner (1826-1917)

Frey-Gessner fut le premier conservateur des arthropodes au Muséum. Originaire du canton d’Argovie, Frey-Gessner avait suivi une formation de mécanique avant de diriger l’usine familiale, mais à cause de sa passion pour l’histoire naturelle il fit de nouvelles études à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich en sciences naturelles et il fut nommé maitre des écoles secondaires du canton d’Argovie. Membre fondateur de la Société entomologique suisse, Frey-Gessner était bien connu pour ses publications sur les hémiptères et orthoptères suisses quand Henri de Saussure (1829-1905) l’approcha pour un poste au nouveau Musée d’histoire naturelle de Genève, inauguré en 1872. C’est à cette époque que le Muséum acheta une collection d’environ 15 000 hémiptères épinglés de l’Europe, mais surtout de la Suisse; collection qui représentera les fondements des collections actuelles.

Frey-Gessner s’intéressait essentiellement à la faune suisse et il a donné un nouvel élan à l’étude de la faune nationale au Muséum. Avec les encouragements de de Saussure, Frey-Gessner s’est tourné vers les hyménoptères, et plus particulièrement vers les abeilles. Son influence sur la recherche au Muséum a motivé d’autres chercheurs à étudier la faune régionale ; on peut citer par exemple Alois Humbert (1829-1887), le premier conservateur d’histoire naturelle ayant continué à travailler au Muséum après sa retraite, en 1863, jusqu’à sa mort. La première grande étude d’Humbert est une monographie sur les myriapodes de Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka) et sa dernière (publiée à titre posthume) est une monographie sur les myriapodes de la région genevoise. Quand Maurice Bedot (1859-1927) a pris la direction du Musée en 1891, il a continué dans cette direction nationale, en établissant la Revue suisse de Zoologie en 1893 et la série Catalogue des invertébrés de la Suisse dès 1902.

Frey-Gessner a publié environ 80 articles scientifiques. Il fut élu « Honorary  Fellow » de la Société entomologique de Londres, Président d’honneur de la Société entomologique suisse et il a reçu un doctorat honoris causa de l’Université de Genève. Beaucoup des spécimens qu’il a étudié ont été déposés dans les collections de la Société  entomologique suisse (à Berne) mais sa collection personnelle, surtout d’hyménoptères et de coléoptères, fut léguée au Muséum de Genève à sa mort, en 1917.

Leo Zehntner (1864-1961)

Né à Reigoldswil dans le canton suisse de Bâle, Leo Zehntner devint assistant entomologiste au Muséum de Genève en 1890 avec la recommandation de son ancien professeur, Theophil Studer (1845-1922) de l’Université de Berne. Selon son propre témoignage, il travailla comme assistant d’Henri de Saussure et a publié plusieurs contributions avec lui.  Zehntner contribua grandement à l’organisation des collections et laissa de nombreuses notes manuscrites. En 1894, il partit travailler en entomologie appliquée à Java, d’où il envoya de nombreux spécimens au Muséum.  En 1900, il revint à Genève pour six mois et continua sa collaboration avec de Saussure avant de retourner à Java. Il visita ensuite le Sri Lanka et alla diriger une station de recherche au Brésil en 1906. Il prit sa retraite dans son village natal en 1920, s’investissant dans la politique locale et continuant de nourrir son intérêt pour l’histoire naturelle. Enfin, on peut dire que ce pionnier de l’entomologie appliquée tropicale est plus renommé à l’étranger qu’en Suisse.

 

Johann (Jean) Carl (1877-1944)

Né à Schuls dans le canton suisse des Grisons, Carl a fait des études à Zurich et à Berne (lui aussi comme étudiant de Theophil Studer), avant de s’installer à Genève sur la suggestion d’Henri de Saussure. Il obtint un poste d’assistant au Muséum en 1900.  Il travailla pour E. Frey-Gessner jusqu’en 1917, comme assistant-chef jusqu’en 1927, et finalement comme directeur adjoint. Il poursuivit les travaux de De Saussure sur les orthoptères, les myriapodes et les crustacés, et fut un des pionniers dans l’étude des collemboles, mais au fil du temps, il se spécialisa dans l’étude des myriapodes. Carl mena des expéditions en Afrique orientale allemande (1908-1909), en Inde (1926-1927, avec K. Escher de Zurich) et dans les montagnes algériennes (1931). Le récit de son voyage en Inde, publié dans Le Globe en 1930, remporta le Prix Arthur Claparède de l’Université de Genève.  Il travailla également sur la faune suisse, surtout à la suite d’excursions biospéléologiques avec son assistant tessinois Angelo Ghidini (1876-1916), et fut l’auteur de trois volumes du Catalogue des invertébrés de la Suisse parmi environ 80 publications scientifiques. Sa monographie de 1908 sur les isopodes (crustacés) suisses a gagné le Prix Schäfli.

Roger de Lessert (1878-1945)

D’origine vaudoise mais né à Genève, de Lessert a étudié à l’Université de Genève et obtint un doctorat en 1904 sous la direction d’Emile Yung (1854-1918). Yung l’a guidé dans l’étude des araignées ; son doctorat traitait de la faune genevoise, la première étude de ce groupe pour la région. En 1908, il remplace J. Carl pendant les expéditions africaines de ce dernier, et devient membre de la commission du Muséum en 1913. Son intérêt pour la faune régionale est attesté par le fait qu’il est l’auteur de quatre volumes du Catalogue des invertébrés de la Suisse.  Après avoir travaillé sur du matériel récolté par Carl en Ouganda, de Lessert devient spécialiste des araignées africaines et publie sur les résultats de nombreuses expéditions, parmi lesquelles celles de Sjöstedt au Kilimandjaro et au Mont Méru,  de Lang et Chapin au Congo Belge et de Monard en Angola. D’une santé fragile, de Lessert a fait la plupart de ses études dans la chambre de travail de sa maison de campagne à Buchillon, aux bords du Lac Léman. C’est grâce à lui que la première collection d’arachnides du Muséum s’est constituée et elle représente aujourd’hui l’un de ses joyaux.

Hermann Gisin (1917-1967)

Né à Montreux, Gisin fut élevé à Bâle d’où sa famille est originaire. Gisin découvre les collemboles à Bâle quand ceux-ci lui sont présentés par Eduard Handschin (1894-1962), qui a dirigé son doctorat.  Il arriva au Muséum en 1943 pour aider Johann Carl et le remplacer en 1944. En 1958, il devient le premier conservateur du Département des Arthropodes et d’Entomologie I (à l’époque où la gestion des collections d’arthropodes avait été divisée en deux départements pour être plus facilement gérable). Gisin devint rapidement un expert majeur des collemboles européens et le Muséum publia sa monographie Collembolenfauna Europas en 1960, une référence sur la faune des collemboles européens pour toute une génération. Près d’une centaine d’autres publications scientifiques sont également de sa plume. Mort assez jeune, il a laissé plusieurs études inachevées, mais heureusement, son étudiante et assistante Maria Manuela da Gama a continué le travail.  Par la suite, da Gama devient professeur à l’Université de Coimbra, la plus ancienne université du Portugal et fût aussi reconnue comme une experte majeure des collemboles.

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