Des chauves-souris plein le grenier, une nappe blanche couverte de petites crottes et beaucoup d’ingéniosité, il n’en fallait guère plus à Tommy Andriollo pour convaincre son jury de thèse qu’il méritait un titre de docteur ès sciences… En fait, au bout d’un exposé très didactique, le candidat Tommy a présenté les recherches scientifiques qu’il a menées au Muséum depuis quatre ans, et qui constituent le cœur de sa thèse de doctorat.

À la recherche des hybrides

Tommy s’est d’abord posé la question de savoir si trois formes très semblables d’oreillards (des chauves-souris aux oreilles démesurées) étaient reproductivement isolées ou pas. En allant les échantillonner à travers tout le canton, les Alpes et jusqu’en Corse, et grâce à l’analyse de multiples marqueurs génétiques isolés à partir de minuscules bout de peau, notre doctorant a pu démontrer qu’il s’agissait bien de trois espèces qui ne s’hybrident pas.

Un oreillard roux (Plecotus auritus) photographié au Tessin

Comment coexister quand on se ressemble autant ?

La question suivante était de savoir comment des espèces aussi semblables pouvaient coexister dans un même endroit, sans se faire concurrence ou s’exclure. La réponse est venue en analysant des milliers de crottes récoltées sous les colonies de reproduction de ces animaux, et en dressant l’inventaire détaillé de toutes les proies consommées.

Comment ? En extrayant et en séquençant massivement l’ADN des proies contenues dans ces crottes. Ne restait alors « plus qu’à » identifier ces proies séquencées (plus de 600 espèces d’insectes !), puis à documenter leur écologie, pour enfin en déduire dans quels milieux les prédateurs, les oreillards, sont allés les chasser.

Tommy Andriollo soutenant sa thèse de doctorat

Une thèse réussie !

Cette approche d’écologie moléculaire a ainsi permis à Tommy de décrire précisément la niche écologique et surtout de comprendre l’évolution des interactions des trois espèces de chauves-souris… sans les avoir dérangées le moins du monde ! Une première en Suisse et une belle avancée pour un groupe animal si difficile à étudier en nature.

Cette soutenance de thèse a été couronnée avec succès et met en relief les recherches de pointe qui sont menées par les équipes de scientifiques du Muséum, en collaboration avec l’Université de Genève.

Bravo au nouveau docteur !

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