Le confinement sur mon balcon…

En confinement chez moi, pas loin du Muséum, j’ai pris l’habitude de m’offrir quelques minutes de soleil avec un thé (et des biscuits!) après le repas de midi sur mon balcon. Ce dernier est bordé de pélargoniums, ceux qu’on appelle communément des géraniums.

Le 16 avril, j’ai eu la surprise de voir un petit papillon se poser quelques secondes sur une des feuilles de mes pélargoniums. Impossible de la confondre avec une autre, l’espèce est tout de suite identifiée. Il s’agit du Brun des pélargoniums, Cacyreus marshalli Butler, 1897, une lycénide originaire d’Afrique australe. Je vais chercher mon appareil photo, mais peine perdue, il ne paraîtra pas de nouveau de tout l’après-midi. Je note toutefois sous une feuille de pélargonium deux œufs d’insectes, tout blancs, qui pourraient bien avoir été pondus par une femelle de cette petite lycénide.

D’où proviennent les Bruns des pélargoniums ?

Signalée en Europe pour la première fois sur l’île de Majorque en 1990, l’espèce a conquis une bonne partie du continent. La liste suisse des Lépidoptères publiée en 2010 indique que le Brun des pélargoniums est présent au Tessin depuis 1995 au moins.

Elle est présente depuis quelques années dans la région de Genève, mais une grande quantité d’individus fut notée pour la première fois en ville de Genève, en tout cas autour du Muséum, en 2019. J’en ai même trouvé un bien sec, étêté et empêtré dans des fils d’araignées sur mon balcon. Celui-là fait désormais partie des collections du Muséum de Genève, où il atteste de la présence de l’espèce dans le Canton de manière indiscutable.

Cacyreus marshalli © Ruedi Bryner

Une espèce invasive ?

L’arrivée d’une espèce de papillon invasive n’augure habituellement rien de bon pour la flore indigène. Genève n’a pas échappé à ce genre de calamité, depuis les années 1990, avec l’arrivée de la Mineuse des feuilles du marronnier (Cameraria ohridella Deschka & Dimic, 1986) et celle de la non-moins jolie Pyrale du buis (Cydalima perspectalis (Walker, 1859).

Toutefois, notre flore semble avoir eu de la chance cette fois, puisque le Brun des pélargoniums ne serait pas en mesure de se développer sur nos géraniums indigènes.

2020, une année à observer les Bruns des pélargoniums?

Mon observation d’un Brun des pélargoniums le 16 avril serait la première dans le canton cette année selon le site Faune Genève et la plus hâtive de toutes les 42 mentions recensées par le même site. Avec le temps qu’il a fait l’hiver dernier, alors que mes géraniums ont survécu tout l’hiver à l’extérieur, et le temps très doux que nous avons depuis plusieurs semaines, gageons que ce sera une année prolifique pour la population genevoise du Brun des pélargoniums. Selon les données de faunegeneve.ch, vous pourrez l’apercevoir tout l’été et jusqu’en octobre.

Je vous en souhaite l’égayante visite sur votre balcon !

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La photo d’une femelle de Brun des pélargoniums présentée un peu plus haut ci-dessus nous a gracieusement été fournie par Monsieur Ruedi Bryner, entomologiste de Bienne, qui vient de faire paraître sa monographie attendue de longue date sur les papillons Adélidés d’Europe, disponible à l’adresse suivante.

Livre de Rudolf Bryner sur les papillons Adélidés d’Europe.

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